26 septembre 2008

Mills' Story 028 :
Alien vs Predator

 
 

Mills entretient une discussion interraciale mouvementée avec un écureuil enragé. Mais soudain, la tête de l’animal explose sans raison identifiable et une giclée de sang décide de s’enfuir de son corps désormais inerte par cette sortie de se secours.

028

U n réflexe de dégoût bien naturel provoque l’ouverture de la main de Mills. L’écureuil tombe sur le sol herbeux et décide de rester sage. L'amputation au niveau de sa tête semble lui avoir fait perdre toute agressivité.

A une centaine de mètres de là, un bruit de feuilles se fait entendre, aussitôt suivi par :

— C’tait moins une !

Mills tourne la tête en direction des paroles et découvre un homme vêtu d’un treillis camouflage et équipé de plusieurs feuilles ridicules plantées sur sa tête, jaillir d’un buisson.

A cet instant, le maître de la Blog de MillsMillsOsphère se demande s’il faut en rire... mais décide d’esquiver cette alternative au moment où il aperçoit entre les mains de l’énergumène un petit détail significatif nommé : fusil à lunette de précision M40A3.

C'est moi qui te fait rire ?

L’homme recharge son arme en laissant la douille encore brûlante partir vers de nouveaux horizons.

— T’eu chaud aux miches !

Mais Mills a oublié d’enclencher son starter à discussion et bafouille :

— Beuu euh euuuh…

— Ouais. J’t’ai sauvé l'fesses, beau brun.

— Eeuuh beu beuuu… si vous…

— P’tains d’cureuils… Y’d’viennent tous dingues en c'moment.

— Bheuuuuu…

— Moi j’dis, quand l‘cureuils commencent à d’venir dingu’, c’pas bon signe pour l’sociét…

•••

Le pseudo militaire s’arrête net en découvrant le visage de Mills. Ses yeux se plissent, sa bouche s’entrouvre… Il réfléchit.

— C’trange, ton visage m’dit quelqu’chose…

Mills reprend du poil de la bête à l’écoute de cette phrase ! Voilà des années qu’il l’attendait, des années qu’il avait préparé sa réplique et des années qu’il s’était entraîné à la débiter devant son miroir. C’est donc presque inconsciemment et sur un ton de drague totalement hors propos qu’il annonce :

George Deloin

L'individu l'observe silencieusement.

•••

Moment blanc : le souffle du vent caresse les feuilles des arbres.

•••

— En’fait c’pas exact’ment c’que j’vais en tê…

Le sourire quitte le coin de la bouche de Mills, son index se range à l’intérieur de son poing, il tousse, se racle la gorge et enchaîne avec :

Et sinon… Ça va ?

Mais cette fois les yeux de l’étrange bonhomme s’écarquillent et c’est sa bouche qui se couvre d’un large sourire… Il a trouvé !

— Par mac’ouille gauche, j’y’crois pas…

— Quoi ?

L’homme semble planer une petite poignée de secondes aux alentours de Vénus avant de revenir sur Terre.

— Vous vous sentez bien ?

— Ouais. J’me la suis jamais sentie aussi bien.

— Ahhh ! Tant mieux pour vous. Vous m’avez fait peur une seconde…

— Mais qu’est-ce qu’vous ai arrivé pour vous r’trouver là ?

•••

Mills jette un coup d’œil sur ses habits déchirés, râpés et mouillés avec une certaine désolation.

— C’est… compliqué.

Il regarde le militaire de pacotille dans les yeux et se laisse aller à un clin d’œil mutin pour accompagner sa réplique suivante :

— Vous savez, y’a des jours où on se croirait dans un vrai film !

Clin d’œil aussitôt rendu par le chasseur d’écureuils enragés qui caresse le canon de son arme avec délice.

— J’pigé ! Ouais…

— Bon et bien c’est pas le tout mais je dois y aller moi ! Si ça continue je vais vraiment arriver en retard au taf ! Héhé…

Mills tend vigoureusement son bras droit en vu d’obtenir une poignée de main d’adieu mais le chasseur la lui attrape pour l’inspecter avec le plus grand sérieux.

•••

— V’z’avez été mordu !

— Quoi ?

Mills n’a pas le temps de finir son « quoi » que l’homme approche ses lèvres de la plaie et commence à la pomper avec un mélange de joie et de fureur.

— Woowwwoww ! Doucement là ! C’est juste une égratignure ! J’en ai vu d’autres !

La succion s’arrête un court instant pour permettre au pompeur de dire :

— J’m’d’mande si leur maladie ne va pas se propager aux hommes.

— Que que que… quoi ??

— Ouais v’savez après la grip’ aviaire, ç’pourrait’être la grip’ Apprends des mots avec Mills’ Storysciuridaire !

— Hein ? Mais euh…

— Y’a qu’une chose a’faire : sucker !

Et le voilà reparti de plus belle, toute langue dehors.

— Vous ne recrachez pas le venin ?

— R’cracher, moi ? T’rigoles !

— Franchement, ça me gêne un peu. Vous savez, c’est très gentil mais je suis capable de me sucer tout seul.

La pompe à venin s’arrête et regarde Mills droit dans les yeux…

— J’sais ! Héhé...

… avant de découvrir une nouvelle morsure au niveau de la cuisse…

— Là !!! Y’a une autr’ !

… et se jeter goulûment entre ses jambes !

— Woowww wwooww wwooww ! Arrêtez !! Non non non ! Pas de ça ici voyons !

•••

L’homme se redresse, replace son fusil en bandoulière et attrape Mills par l’épaule :

— Z’avez raison ! Faut d’sinfecter l’plus rapid’ment p’ssible avant qu’ça d’génère !

Panique à bord.

— Que ça ne dégénère !? Vous êtes franchement réellement vraiment sérieux ?

— O’ oui ! Ç’risque d's'transformer en... Proposition de galère par Mariev'ricelle !

— La varicelle ? Mais je l'ai déjà eu à 22 ans ! Tout va bien alors...

— Non nononon... J'parle d'la v'ricelle du 'cueuil ! B'coup plus d'gereuse !

— Là, vous vous foulez de ma gueule, pas vrai ? Hein... Pas vrai ?

Hélas, le visage desolé de l'homme est dénué de sourire.

— S'on fait rien, ç'risque d’gonfler, d’gonfler ! D’gonfler !!

— Faut que j’aille à l’hosto alors !! Il est où le plus proche ?

— Tro’loin ! V’nez chez moi ! J’tout s’qui faut où y faut pour v’z’aider à d’gonfler !

•••

Le chasseur choppe Mills par la main et le tire avec lui en direction de la sortie du parc.

— Hey ! Vous habitez où ?

Les deux hommes courent comme deux enfants gambadant main dans la main par delà les champs.

— Just’au coin là ! D’la tour… faut fair’ vite !

•••

Effectivement : au détour d’un croisement le joyeux couple tombe sur une tour à moitié désaffectée d’une dizaine d’étages fleurant bon le béton des années 70.

Et c’est exactement au passage du seuil moisi de l’immeuble que Mills se murmure :

Putain, c’est quoi cette merde encore ?

 

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Mills' Story © 2008 | Textes : O'Brian | Code, Son et Design : Cooljack | Illustrations : Cooljack, CAT4