Après avoir complètement foiré sa vanne qui devait tuer, Mills prend ses jambes à ses couilles et fonce se réfugier dans l’ascenseur. Il est sauvé ! Ouais… sauf que deux étages plus bas, l’appareil tombe en panne.
036
M ills appuie, appuie et appuie frénétiquement sur tous les boutons des étages en beuglant :
Mais il n'y a rien à faire, l’ascenseur ne cautionne pas l’emploi d’un tel langage et refuse de céder.
Il essaye d’ouvrir la porte… mais le résultat est tout aussi positif.
Derrière les murs, une voix retentit sourdement.
— Peter-Franck ? T’quiète pas, c’juste moi qu’a r’tiré l’fusibles !
Mills est à bout de forces, sa tête vient se poser contre la paroi de sa cage en même temps que ses yeux se ferment.
— J’en ai plein le cul.
Blessé dans son for intérieur, il plaque son dos contre la porte de l’ascenseur et plie ses jambes pour se retrouver accroupi en position fœtale.
— J’en peux plus… C’est fini… J’abandonne… Ma vie d’homme s’arrête là. Cette épreuve est bien trop grande pour moi…
De l’autre côté du mur, la voix de Total Commander résonne à nouveau :
— J’un p’tit ‘blème avec l’fusibles, j’crois qu’j’ai tout p’té… ‘tends tranquill’ment, j’vais b’douiller ‘truc. Pas d’panique s’rtout !
Le blogueur débute un sanglot déclassant celui de Voir la fin coupée !Rambo, John J., lors du final du premier film de la saga.
— Jamais je n’aurais dû me lever ce matin, je le savais… Au fond de moi, je le savais. Il n’y a plus rien à faire. Je dépose les armes.
Mills se rassoit sur le sol, déplie ses jambes, porte la main à sa ceinture et défait la boucle.
— C’est ça que tu veux hein… Eh bien viens !
Il déboutonne sa braguette et…
Un écho résonne à l’intérieur de sa tête :
— Hey ! Oh !! Tu vas où là ? C’est quoi cette attitude de loser ?
Mills la reconnaît immédiatement :
— Fous-moi la paix putain de conscience de merde ! Plus je t’écoute et plus je me bouffe de galères !
— Oh quel mauvais caractère… Procédons par étape. Quel objet rectangulaire et tactile as-tu dans ta poche ?
— Mon iPhone !
Le cœur de Mills reprend un rythme normal à l’instant où il dégaine son téléphone new génération de sa poche :
— Faut que j’appelle C…… pas de réseau. Putain non ! Y’a pas de réseau ici !!
— Evidemment qu’il n’y a pas de réseau, ça n’aurait aucun intérêt dramaturgique…
— Putain mais t’es vraiment une salope pour t’amuser comme ça avec moi ! Je vais mourir là !
— Non non non… Tu dramatises. Essaye de regarder la vie du bon côté pour une fois.
— C’est pas la vie que je vais me prendre du bon côté…
— Ok, je vois ce que c’est. Monsieur fait sa chochotte. Monsieur refuse l’évidence…
— Quelle évidence ? Moi, je n’en vois qu’une là. Et c’est une question de diamètre.
— Bon sang Mills ! Pense analogies ! Tu es dans une tour quasi-vide, tu es confronté à un terroriste voulant forcer l’entrée de ton coffre fort, tu es seul, tu te sens abandonné… Alors ?
— Alors quoi ?
— Tu peux vivre un de tes fantasmes et devenir le nouveau John Mac Clane ! Tu peux marcher sur ses pas ! Tu peux… passer par la trappe au-dessus de ta tête et grimper par la cage d’ascenseur !
Mills lève les yeux au plafond et effectivement, ce vieil ascenseur dispose bien de cette fameuse trappe.
— T’es complètement dingue !??
— Pourquoi ? T’as toujours surkiffé ce passage ! C’est limite un rêve de gosse qui peut se réaliser ! Saisis-le !
— C’est pas parce que j’adore Piège de Cristal que j’ai envie de me retrouver dans la même merde que lui !
— Ok, fais ta mauvaise tête.
— On n’est pas dans un film là !
— C’est vrai… Laisse-moi juste te présenter les choses avec une autre perspective…
Derrière les murs, une voix sourde se fait entendre :
— C’bon Peter-Franck ! J’trouvé l’truc qu’va bien ! Dans deux m’nutes on pourra s’la d’tendre !
— Alors ? Tu décides quoi ?
Mills se redresse et observe la trappe. Il serre les poings puis reboutonne son pantalon et boucle sa ceinture :
— OK, allons-y !
— Ah ! Ça c’est mon Mills !
Il saute au plafond et balance un coup de poing dans la trappe qui s’ouvre instantanément. Ses yeux se perdent dans l’obscurité à l’instant où un souffle moite et vicié lui arrive au visage.
— Oh putain… Les odeurs, c’était mieux devant ma télé…
— Négativisme de base…
— « Ferme ta gueule » de base ! ‘tain...
— …
Flexion, extension : il se retrouve pendu au plafond par les mains et pédale dans le vide en espérant que l’air devienne soudainement solide.
— Mais comment y font à la télé ?
Traction : ses biceps se gorgent de sang et entrainent sa tête à l’intérieur du trou. D’un geste vif il passe son coude droit sur le toit de l’appareil, rapidement suivi du gauche.
— C’est crado putain… Mais personne fait le ménage ici ?
Il pousse sur ses bras, se redresse et réussit tant bien que mal à plaquer son ventre à la périphérie de l’ouverture. Comme une chenille mal assurée, il fait glisser le reste de son corps sur le mélange de graisse et de poussière.
— A part achever mes fringues, me luxer les épaules et me donner envie de gerber, je vois pas trop ce que j’ai gagné…
Cette mauvaise foi évidente ne change rien au fait qu’il est désormais debout au sommet de l’ascenseur.
— Et maintenant, je fais quoi ?
— …
— Bon allez, parle, c’est bon…
— Tu grimpes.
— J’en étais sûr.
— Permets-moi d’en douter.
— Tu sais quoi ? Finalement, on va en rester au plan A : « Ferme ta gueule ».
Silence intérieur, silence extérieur.
Mills tâte les murs un par un.
Rien.
Que dalle.
Nada.
L’ascenseur vibre, Total Commander a enfin réussi son coup.
Mills tâte le quatrième et dernier mur et découvre qu’une échelle métallique y est incrustée.
— Pourquoi a-t-il fallu que ce soit le dernier mur ?
Sa main droite s’accroche à un barreau au moment où la cabine reprend sa descente. Ses pieds frappent les parois avec frénésie le temps de trouver un appui et que sa main gauche vienne aider sa copine.
L’ascenseur stoppe sa course trois mètres plus bas.
Il n’y a plus une seconde à perdre et Mills le sait. Il regroupe toutes ses forces pour grimper le plus rapidement possible à l’échelle.
Une dizaine de mètres plus haut, son crâne percute une masse solide.
— A.Ï.E. !
Mills dégaine son iPhone et s’en sert comme lampe de poche new age pour découvrir la fin de la route : le cache du moteur de l’ascenseur.
— Et je suis censé aller où maintenant ?
Des pas résonnent au niveau de la cage d’ascenseur.
Ses portes s’ouvrent.
Depuis la trappe, une silhouette est perceptible.
— Peter-Franck ? Bah t’où ?
Ni une, ni deux, Mills coupe son iPhone mais enclenche la lecture d’un MP3, lui servant accessoirement de sonnerie.
— Putain de next generation de merde…
Total Commander lève les yeux en direction de la musique, découvre la trappe ouverte et comprend :
— Ah, t’là haut p’tit c’quin. Bouge pas, j’rive !
La pression sur le bouton du dernier étage provoque la fermeture des portes. Le moteur se met en marche. Les câbles tremblent à quelques centimètres du visage du malheureux Mills. Il prend conscience d’une donnée importante : cet ascenseur date d’une époque révolue où la distance de sécurité n’existait pas. Il va bientôt faire un régime aussi rapide qu’efficace.
— Putain, c’est quoi cette merde encore ?
Super épisdode que j'ai "surkiffé"! Enfin la Mills Story revient à son meilleur niveau!
RépondreSupprimerPetite erreur cependant : on n'écrit pas "que l’air deviennent soudainement" mais "que l'air devienne soudainement". Mais que fait donc le correcteur?
Bye!
@ Indy
RépondreSupprimerLe correcteur laisse des petites fautes pour te permettre d'exercer ton don ; qui aurait dû te faire observer celle de la première illustration d'ailleurs :p
Très bon épisode, je laisse les correcteurs se battre entre eux pendant que je tremble d'impatience de savoir ce qu'il va arriver à ce bon vieux Mills...
RépondreSupprimerAh bon? Il faut que je m'occupe des illustrations aussi? Mais je ne vais jamais m'en sortir!
RépondreSupprimerSuperbe épisode effectivement, j'ai hâte de lire la suite aussi.
RépondreSupprimerVivement 11h !