Les auteurs de Mills’ Story travaillent comme des dingues sur les prochains épisodes.
Mais en attendant le retour des aventures de Mills voici un petit...
002
Si vous ne connaissez pas Mills, il vous faut savoir qu'il est le plus grand galérien que la Terre ait jamais portée. Dérivée de la MillsOsphère et librement inspirée par la vie du vrai Mills, la série BD Mills' Story vous entraîne dans les galères du pauvre héros tout au long de la pire journée de sa vie !
Les auteurs de Mills’ Story travaillent comme des dingues sur les prochains épisodes.
Mais en attendant le retour des aventures de Mills voici un petit...
002
Agacés par le suicide d’un homme sur les voies, les passagers se rebellent sous le commandement du dénommé Prosper-Félix Cornineti et descendent du train pour aller parler au conducteur. Mais un autre train passe à côté d’eux et embarque une femme au passage.
009
L a femme se fait tirer par le train à la manière d'une boîte de conserve derrière une voiture de mariés. Et les tentatives d'évasion de son inconfortable position n'aboutiront en fait qu'à des traînées de sang pour les futurs légistes chargés de l'affaire. Dieu seul sait ce qui pourra bien rester de cet insolite passager clandestin lorsque le train arrivera à bon port...
Gageons que sa présentation mortuaire requerra les services d’un The best !croque-mort talentueux.
En attendant, c’est la panique sur les rails.
Et dans ce cas de figure, le monde se divise en deux catégories : ceux qui vomissent et ceux qui crient.
A l’intérieur de la seconde catégorie, un homme se démarque :
— Paulette-Fiona !!!!!!
Enfin, à vrai dire, il reste une dernière catégorie : Mills.
Celui-ci reste perdu dans ses pensées :
Le conducteur du train passe sa tête à travers sa fenêtre et annonce la couleur :
— Bande d’inconscients, vous êtes devenus fous ??? La police va arriver d’une minute à l’autre et je vous jure que ça va mal se passer !
Mills se demande : « Mal comment ? Peuvent-ils vraiment aller encore plus loin que pour le jambon de Bayonne anciennement connu sous le nom de Paulette-Fiona ? »
Prosper-Félix Cornineti prend la parole, Arlette Laguiller Style :
— Usagers, usagères, conducteur, conductrice, chers camarades et amis ! Ce n’est pas cette anicroche qui empêchera notre mouvement d’aboutir. Souvenez-vous de la Aux armes citoyens !Révolution Française, souvenez-vous de Formez vos futurs patrons !Mai 68, il y a toujours eu un peu de sang versé pour la bonne cause. Mes amis, regardons vers l’avenir, ce signe prouve que nous sommes sur le bon chemin !
Mais le conducteur semble avoir une divergence d'opinion sur ce point :
— Vous êtes tous complètement barjos ! C’est pas les flics que j’aurai du appeler, c’est le GIGN !
Pendant que la discussion s’intensifie tranquillement, le pauvre homme qui se démarqua plus tôt si brillamment lors du concours du meilleur cri, erre désormais tel un zombie sur la voie ferrée ; il parvient, à bout de force, à s'agenouiller devant Mills. Autour de son cou, une ridicule cravate à pois rouges flotte au vent...
— Paulette-Fiona ! Paulette-Fiona. Paulette-Fiona…
Mills le considère du regard un instant et se remémore avoir déjà vu cette infâme cravate Retour à l'épisode en questionun peu plus tôt dans la matinée. Loin d'être rancunier, il s’approche de lui et pose sa main sur son épaule avec délicatesse.
— Allez-y mon vieux…
— C’est Paulette-Fiona, c’est ma femme, c’est la prunelle de mes yeux… Snif.
Mills, en bon professionnel du langage, affirme :
— Mon ami, je pense qu’il est temps de mettre ce genre de phrase au passé.
Le pauvre homme regarde la source de savoir droit dans les yeux.
Sa cornée se voile.
Il fond en larmes en agrippant les jambes de Mills et en enfonçant sa tête entre ses cuisses.
Vers l’avant du train, un groupe de personne observe la scène avec un petit sourire.
Mills pose sa main sur la tête du malheureux.
L’homme retire son visage humide de l’intimité de Mills et pleure quelque chose comme :
— N’avez-vous donc pas de cœur ?
— De cœur ? Je croyais qu’on parlait de c…
PIN PON PIN PON !!!!
Une sirène de police surgit de l’enfer et brise ce grand moment d’amitié virile.
Mills ne voit qu'une chose à ajouter :
— Putain, c’est quoi cette merde encore ?
Mills s’est ramassé une méchante prune lui ayant vidé tout son portefeuille pour avoir fraudé puis essayé de soudoyer le contrôleur du train. Mais les galères continuent et le train pile après avoir percuté quelque chose rempli de sang…
008
L e train s’arrête en plein milieu de la voie ferrée, au niveau de Boussy Saint-Antoine.
You're the ONE !Mills observe avec attention la trainée de sang glissant sur la vitre. Rien à faire, malgré tous ses efforts, il n’arrive pas à croire qu’il s’agisse de peinture rouge ou de ketchup.
Le haut parleur se met en marche et une voix suave annonce :
— Votre attention s’il vous plait. Nous sommes actuellement retenus au milieu des voies suite à un incident passager. Pour votre sécurité, veuillez ne pas sortir du train.
Mills continue son raisonnement dans sa tête :
« Et d’une, qui serait assez rapide pour venir peindre les trains directement sur les rails ? Et de deux, qui serait assez con pour faire un pique-nique dans un endroit aussi bruyant ? »
Rien à faire, c’est bien du sang !!!
La voix derrière le haut-parleur conclut :
— Tout est actuellement sous contrôle, nous espérons repartir incessamment sous peu dans le courant de la journée. Merci de votre attention.
Mills se lève et observe les voies à travers sa fenêtre. Tout est clear si ce n’est ce bras négligemment découpé au niveau du biceps.
La nouvelle se répand comme une traînée de poudre et mute de la panique à la colère parmi les passagers :
— Encore un !??
— Ça doit être la saison.
Le voisin de Mills se lève et suit la foule en affirmant :
— On va tous arriver en retard au boulot, merde !
— Putain, comment on va faire gagner plus si on travaille moins, merde ??
— Fait chier ! Nooon !!
— Je peux pas être en retard, j’ai une femme et un gosse !
— Putain de suicidaires, ils ne pensent vraiment qu’à eux !
— Je peux pas être à la bourre, j’ai une femme et deux gosses !
— Pourraient pas se tirer une balle chez eux, comme tout le monde ?
— Je peux pas rater l’heure, j’ai une femme et trois gosses !
— Ou se couper les veines dans leur baignoire !
— Je peux pas non plus, j’ai un gosse et trois femmes !
Le voisin de Mills affirme sa position dans le wagon :
— De toute façon maintenant, ce qui est fait est fait, alors pourquoi ne pas continuer gentiment notre route en laissant la viande derrière nous ?
Deux passagers répondent à l’unisson :
— Ouais !!
Cet encouragement lui donne des ailes :
— On doit reprendre la tête de ce train !
— Ouais !!!!
Ses ailes se mettent à battre frénétiquement :
— Vous-êtes avec moi ?
…
Silence.
…
Un homme s’approche du meneur au nez crochu et lui tape sur l’épaule fraternellement.
— Comment tu t’appelles frère ?
— Prosper-Félix Cornineti.
— Pour Prosper-Félix hip hip hip !!
Réponse en cœur :
— Hourra !!!
Prosper-Félix reprend la parole, plus décidé que jamais :
— Allons voir le conducteur !
Tous ensembles :
— Ouais !!!!
— Avec moi les amis, ouvrez ces putains de portes !
Les passagers, fous furieux, s’acharnent sur les portes de sorties et finissent par les ouvrir.
Prosper-Félix tend la main à Mills en lui imposant :
Les yeux de Prosper-Félix semblent remplis de flammes. Mills comprend que toute tentative de refus risque fortement de lui coûter une ou deux couilles avec lynchage en bonne et due forme.
Forçant un sourire, il accepte sa main.
Ensemble, ils sortent sur les rails et avancent en direction du wagon de tête.
Au loin, un train arrive et fait entendre sa sirène. D’un geste autoritaire, Prosper-Félix ordonne à ses camarades de se coller contre le wagon pour laisser passer l’autre train.
Aussitôt dit, aussitôt fait.
Le train déboule à toute blinde dans un bruit assourdissant. Le souffle créé à son passage fait vaciller les hommes comme de vulgaires brins d’herbes.
La robe d’une femme se soulève façon Pou pou pi doo !Marylin Monroe.
Le spectacle est terriblement excitant jusqu’au moment où la robe s’accroche au train de passage et emporte l’intégralité du paquet au loin.
Mills se cache les yeux avec ses mains mais regarde entre ses doigts en s'exclamant :
Mills téléphone à Indy pour savoir si le train qu’il compte prendre est contrôlé ou non. Ayant reçu une réponse affirmativement négative, il s’y engouffre. Mais les probabilités s’effondrent…
007
L e contrôleur se rapproche dangereusement.
— Billet s’il vous plait… Billet s’il vous plait…
Mills transpire à grosses gouttes. Il hésite. Doit-il se lever et tenter une fuite à l’arrache ou rester sur place et affronter son destin la tête haute ?
Une confrontation avec lui-même semble obligatoire.
Réunion immédiate à l’intérieur de sa tête :
— Alors ?.. — Alors quoi ?
— On se casse ou on reste là ? — Sais pas.
— Comment-ça tu sais pas ? — Sais pas.
Le contrôleur arrive à son niveau et fredonne son tube de l’été :
— Billet s’il vous plait.
Mills met un terme à sa conversation passionnante avec lui-même :
— Merci du coup de main, man. — De rien.
— J’ai dit : Billet s’il vous plait.
Le voisin de Mills tend son pass Navigo sans daigner jeter un œil à l’homme en bleu.
— Merci monsieur. Quant à vous, j’ai dit…
— J’ai entendu, c’est bon, je ne suis pas sourd ! Quoi ? J’en ai pas. J’ai pas de ticket, j’ai pas de billet, j’ai pas de pass à la con, j’ai rien. J’ai eu un début de journée de merde, voilà.
— A croire qu’il n’est toujours pas terminé. Ça vous fera 50 euros.
— 50 euros ! Putain de merde ! Vous vous foutez de ma gueule ?
— Non monsieur, c'est 50 euros.
Devant une telle froideur, Mills décide de changer de technique et de ton :
— Allez faites pas le méchant ; je sais que vous avez un cœur d’or au fond de vous. Votre visage respire la générosité, ça se voit à des kilomètres ! Comprenez-moi, c’est la seule et unique fois de l’année que je prends le train et je ne compte pas le faire une seconde fois. C’est exceptionnel vous voyez. Et si on oubliait tout ça, hein ?
Le contrôleur réfléchit et fouille dans ses papiers. Il tourne quelques pages et s’arrête à l’endroit désiré en affichant un sourire Pub !Ultra Brite.
— Vous venez de briser une loi monsieur. Votre blabla s’apparente à du chantage, voire de la manipulation.
Aussitôt, Flou-Man returnMills se la joue minable :
— Euh non non, arrêtez, c’est pas ce que j’ai dit, je vous jure !
— Ça ne prend pas avec moi.
— Quand vous dites « loi », vous parlez au sens large n’est pas ?
— Non, c’est une procédure tout ce qu’il y a d'officielle.
— Une « procédure » ?
— Mais oui voyons ! La nouvelle procédure X287 ! Vous n’avez pas reçu le mail du gouvernement ?
— Putain non !
— Eh bien vous auriez dû. Ça fait 95 euros, s’il vous plait.
— 95 euros !? Non mais vous vous foutez de la gueule du monde ou quoi ?
A côté de Mills, son voisin au nez crochu marmonne entre ses dents :
— Sale pourriture capitaliste…
— Vous pouvez payer en liquide ou… en liquide.
— Mais j’ai pas 95 euros sur moi !
— Combien avez-vous ?
Mills ouvre son portefeuille et observe son contenu.
— J’ai…
Il compte une nouvelle fois ses billets.
Le contrôleur l’observe avec un sourire remontant jusqu’aux cheveux.
— Vous avez ?..
Le voisin de Mills jette un œil rapide au contrôleur et marmonne pour lui-même :
— Vermine dictatoriale ricaine…
Mills reprend la parole avec une voix si triste qu’elle ferait pleurer un assureur.
— J’ai 100 euros…
Mais la sauce ne prend pas auprès du contrôleur. De quel bois est donc fait cet homme ?
— Très bien, ce sera parfait. Vous permettez que je garde la monnaie ?
— NON !
— Je plaisantais monsieur. Nous ne sommes pas des voleurs à la SNCF.
Le voisin au nez crochu s’insurge à voix très basse :
— Vil bourgeois libéral sans cœur…
Le contrôleur lui tend un billet de 5 euros et arrache l’argent des mains de Mills.
— Merci beaucoup monsieur. N’oubliez surtout pas votre reçu. Vous pouvez faire réclamation dans les deux semaines après la date de votre infraction honteuse et sans appel. Un juge examinera votre dossier et vous facturera 500 euros de plus pour outrage à magistrat. Veuillez passer une bonne journée.
— ‘tain…
— Pardon ?
— J’ai dis bonne journée à vous aussi monsieur…
Le contrôleur se retourne vers les autres passagers du wagon, désigne Mills du doigt et demande :
— Qui d’autre est dans la même situation irrégulière et avilissante que cet ignoble fraudeur ?
L’intégralité du wagon se remue et présente son ticket ou sa carte Navigo avec zèle.
Le contrôleur reprend son chemin jovialement.
— Merci monsieur, vous êtes un bon citoyen. Merci madame, vous êtes un exemple pour notre nation. Merci monsieur, votre Navigo vous honore. Merci madame, quel magnifique ticket parfaitement légal ! Merci……………
Il s’éloigne peu à peu alors que Mills s’enfonce dans son siège en marmonnant :
— Putain de C’est la luuuutte finaaaale !!gouvernement de merde…
Son voisin répond de la même façon.
— Le peuple doit se soulever contre ce bastion despotique…
— On avance droit dans le mur…
TUUUUTTT TTUUUUTTT
La sirène du train retentit au moment où le véhicule pile dans un bruit métallique strident. Tous les passagers sont projetés vers l’avant de leurs sièges. Ceux qui étaient debout dans le passage glissent dans le couloir façon toboggan de la mort.
Mills regarde sa fenêtre… aussitôt maculée d’une giclée de sang.
— Putain, c’est quoi cette merde encore ?
Mills est coincé, sa voiture est immobilisée par un méchant sabot. Il demande de l’aide à CJ mais leur discussion tourne court quand au même moment, un violent klaxon déchire l’espace temps…
006
P OUEETT POUEEETTT !!
Rugit le klaxon.
Un type énervé équipé d'un costard règlementaire et d'une ridicule cravate à pois rouges sort de son pot de yaourt et utilise un ton de gentleman pour saluer courtoisement notre héros :
— Non mais tu veux te faire tuer ou quoi face de pet ? C’est la route ici, crétin ! Toi t’es un putain de piéton et les putains de piétons ça marche sur le putain de trottoir ! Tu piges ??!!
Mills rassemble instantanément toute sa diplomatie naturelle et répond sur un air de slow façon Ostie d'crisse de tabarnak ! Céline Dion :
— Mais va te faire enculer toi et ta caisse de merde, je te pisse à la raie moi, et ensuite j’te sodome !
Ambiance.
— Qu’est-ce t’as dit là ? Putain t’as de la chance que j’ai pas de temps à perdre.
— Va te faire Définition pour les noobs fragger ailleurs, espèce de gros Si tu cliques t'en es un ! noob !
— ????
C’est dingue l’effet que peux avoir l’adrénaline sur les humains, surtout lorsqu’ils se défouraillent la tronche à longueur de nuit sur Welcome to the pro's - B I T C Hes Counter Strike Source .
Derrière eux, les autres automobilistes s’impatientent.
— Oh vous ? Restez calme et allez vous battre sur le bas-côté s’il vous plait, j’ai un train à prendre, moi !
L’adversaire verbal de Mills rétorque.
— Moi aussi monsieur, vous êtes fort aimable de me le rappeler. Je libère le passage dans l’instant. Bonne journée.
Puis se tournant vers Mills :
— Et toi si je te retrouve… Si je te retrouve…
— Quoi si tu me retrouves ?
— Si je te retrouve… Tu verras !
L’homme prend sa cravate et ses pois rouges pour remonter dans sa voiture à côté de sa femme visiblement gênée par son comportement. Il démarre en trombe, laissant une marque de pneu bien noire sur le bitume. Le temps se fige lorsque la fenêtre passager passe à côté de Mills. La femme lui lance un regard triste, comme si elle allait à l'échafaud. Quelques mètres plus loin, le véhicule tourne en direction de la gare de Fontainebleau-Avon.
Une seconde plus tard, Mills retrouve ses esprits. Déclic sous ses cheveux !
Il dégaine à nouveau son Kakou inside iPhone .
Clic clic, il choppe un réseau, fonce sur Ce ne sont que des prévisions... Transillien.com et découvre :
07h14 - GARE DE FONTAINEBLEAU AVON (Avon)
Jusqu'à GARE DE LYON (Paris)
07h53
Marche à pied 04 min 04 min
Correspondance 03 min 03 min
08h00
GARE DE LYON RER A (Paris)
Direction GARE DE BOISSY ST LEGER
Jusqu'à GARE DE ST MAUR CRETEIL (Saint-Maur-des-Fossés)
08h14
Soulagé, il reprend sa respiration et avance en direction de l’entrée de la gare.
— Tout va bien, je m’y suis pris assez tôt. Je ne vais pas exploser le score d’arrivée au taf mais j’y serai à l’heure.
Une fois devant le portillon il est pris d’un doute :
Assurément que non conclut-il. Les trains c’est la SNCF, la SNCF ça appartient à l’état et l’état colle des sabots sur les voitures des honnêtes contribuables ! Ce coup-ci, il n’y a pas moyen qu’il débourse un centime.
Mais comment prendre le train sans payer ? Facile.
iPhone POWAAAA !
Tout est possible quand on a des ses contacts un dénommé Soy un hombre muy honrado, etc... Indy .
Doulou doulou doulou, le téléphone sonne.
Quelqu’un décroche :
— Salut Mills, ça roule ?
— Pas trop justement… Dis-moi, j’ai un truc à te demander.
— Alors demande au lieu de demander si tu peux demander.
— Ok. Je vais prendre le train de 7h14 à Bleau et je voulais savoir s’il y avait des contrôleurs.
— Attends, je me connecte à mon fichier… Attends… Attends… 7h14… Bleau… Non ! Tout est clear. On n’a pas vu un contrôleur dans train depuis le grand chamboulement de 1965.
— Cool.
— Ah attends, si. Il y en a eu un en 1987 mais il a pris le train en temps que passager. Tu sais quoi, il était assis juste à côté du père de la femme du fils du demi-frère de l’arrière oncle de ton cousin ! C’est dingue les coïncidences parfois…
— Ouais ouais, passionnant. Et sinon, t’es libre ce soir ? On pourrait peut-être se capter.
— Ce soir… Ah merde, super désolé mais ça ne va pas le faire. Faut que je bosse au dossier du documentaire sur les sextuplés. Je dois le rendre vendredi.
— Super ! Je ne savais pas que t’avais un autre docu en préparation !
— Ouais alors, en fait, après le succès du docu-fiction sur les quintuplés on a eu une réunion de prod et le réalisateur a eu une idée complètement démente : « et si on faisait un docu sur les sextuplés ? »
— Trop fort.
— On est tous resté sur le cul. C’est une super idée non ?
— A mort, c’est bien, Bientôt la suite ! Et la suite ! Et... vous vous renouvelez .
— Ouais. Maintenant il va falloir que je trouve une femme à inséminer pour que sa grossesse tombe au moment du tournage et un acteur pour jouer son mec super «in love», tu vois ?
— Je vois. C’est chaud ton taf.
— M’en parle pas…
Petit blanc dans la conversation...
— Bon alors, bonne écriture ce soir et à plus !
— De quoi tu parles ?
— De rien, je dis juste « bonne écriture et à plus ».
— Ah ouais, ouais, évidemment. Bon, j’y retourne d’ailleurs. A plus.
Justement, le train arrive à quai à l’instant où ils raccrochent.
Après avoir rengainé l’arme absolue de la communication actuelle dans sa poche, Mills force le passage, saute dans le premier wagon, bouscule quelques passagers en marmonnant…
— Putain les boulets je te jure.
… et trouve une place à côté d’un petit homme au nez crochu et à la mine patibulaire.
Le train reprend sa route.
Ouf, le vent à enfin changé.
Mills fait craquer son dos et active le mode détente et sourire.
Derrière lui, le sas séparant son wagon du précédent s’ouvre.
Une voix sympathique annonce :
— Bonjour messieurs dames, veuillez présenter vos titres de transport s’il vous plait.
Le sang de Mills ne fait qu’un tour. Incapable de retenir ses mots, il déclare :
— Putain, c’est quoi cette merde encore ?
Mills a réussi à camoufler son forfait intestinal en pulvérisant une bombe entière d’Air Wick dans les toilettes et sort en quatrième vitesse pour monter dans sa voiture. Mais un PV relativise fortement sa victoire…
005
P de doute, il s’agit bien d’un PV. Je dirais même plus, il s’agit bien d’un…
— Putain de PV de merde d’enculé de leurs races !
…pour respecter les paroles exactes de Mills.
Son côté punk ressort aussitôt :
— Qu’ils aillent se faire foutre ! Encore un que je ne payerai pas ! Foi de Mills !
Après avoir déchiré le maudit document, il monte à l’intérieur de son véhicule, touche son volant avec bonheur, enfourne la clé dans le trou et met le contact.
Le moteur fait un beau bruit. Y’a pas à dire, Sochaux GodfatherPeugeot, c’est de la bonne qualité… Enfin, c’est de la qualité. Enfin, ça roule quoi et finalement c’est tout ce qu’on demande à une voiture, non ?
Le lion est en lui. Il s’amuse à appuyer sur l’accélérateur pour faire rugir le moteur. Fuck yeah man !
Clignotant enclenché, il passe la première et roule…
…à peine dix centimètres.
BLANGGG !
La voiture est stoppée net et cale.
— Putain quel est l’enculé qui…
Mills regarde autour de lui tel le vautour en quête de sa prochaine charogne.
Personne, rien.
Et qui dit personne, dit pas d’accident.
Alors c’était quoi ?
Il redémarre, enclenche la première, accélère et…
REBLANNGGG !
La voiture cale à nouveau.
Cette fois-ci, c’en est trop. Il descend de son bolide en furie et découvre…
Ils m’ont mis un putain de sabot… Putain mais ils m’ont mis un putain de sabot de merde les enculés !!!
Effectivement, son œil de lynx a vu juste. Un Et prend ça dans ta gueule !magnifique sabot jaune flambant neuf bloque la roue avant gauche de son véhicule.
— Oh les enc…
Son circuit neuronal fonctionne au quart de tour et décide de dégainer l’arme absolue de sa poche : l’Kakou in actioniPhone.
Menu, répertoire, clic clic et hop !
Au fin fond de l'Univers, à des années et des années-lumière de la Terre, veille celui que le gouvernement intersidéral appelle quand il n'est plus capable de trouver une solution à ses problèmes, quand il ne reste plus aucun espoir : The Lord Of The stRingCooljack !
Une sonnerie.
Deux sonneries.
Trois sonneries.
Une voix sortie tout droit d’un film de Gérard Kikoïne (ou John Stagliano dans la langue de Tracy Lord) décroche :
— Ouuuuaaaaiiiisssss…
— Salut CJ, c’est Mills, ça roule ?
— Ça vaaaa…
— Cool, parce que moi, ça va pas du tout. Trop la merde. La galère, je te raconte pas mais je suis dans la merde quand même alors je te raconte : ma caisse est bloquée par un sabot et je dois absolument arriver à l’heure au taf. Dis, tu peux venir me chercher ?
— Ouh laaaaa c’est compliqué tout ça !
— Ouais bon, allez, pour une fois que je te demande quelque chose. Je suis grave dans la merde et, tu sais, ça ne me plait pas plus qu’à toi !
— Ouuiii, noooon mais c’est pas ce que je veux diiiiire, tout de suiiiite, voilà comment tu me paaarlles.
Mills poursuit la conversation en marchant dans tous les sens, parfois sur la route, parfois sur le trottoir.
— Wooo oh ! Non non, j’ai rien dis de mal, sérieux. Enfin, je veux dire, je suis dans la merde quoi !
— Mon petit, tu dois te responsabiliser et affronter seul la vie.
— Hein !?
— Enfin, oui, bon, tu vois quoiiii, je ne sais paass…
— Mais pourquoi tu parles toujours par énigmes au téléphone ? Sans déconner, t’es lourd !
— Ouh la ! Alors là ! Je vois ! Alors là ! Ouh la !
Mills a senti la frontière se franchir… celle du fameux « point de non retour ».
— Non non, c’est pas ce que je voulais dire ! D’ailleurs, je ne l’ai même pas dit, sérieux !
— Tu m’appelles pour m’insulter ? Non mais je crois qu’un bon bain froid te ferait le plus grand bien.
— Aller CJ, s’te plait, merde !
— Il y a ma nouvelle série qui commence. Je te laisse, ça vaudra mieux.
— Mais C…
Tût tût tût tût tût tût…
Mills n’en revient pas. Il regarde son iPhone pour le prendre à témoin :
— Sans déconner, t’as vu, c’est pas de ma faute hein !
Dans sa tête, aucun doute n’est possible, l’iPhone vient d’acquiescer en sa faveur.
POUUUEEETTTT !
Un klaxon strident sorti d’un autre âge envahit l’espace.
— Putain, c’est quoi cette merde encore ?
Mills a réussi à foncer jusqu’aux toilettes pour rebooter son estomac. Mais la chasse d’eau ne fonctionne pas…
004
M ills tire la chasse d’eau une fois de plus avec le même indice de réussite : néant.
Il est pas content le monsieur...
— C’est pas normal, merde ! Qu’il n’y ait plus d’eau, je veux bien, mais pourquoi le réservoir n’est pas plein de la veille ???
Avouez qu’il réfléchit quand même. Beaucoup se seraient fait avoir par ce point de détail
…
Comme dirait Mister J'ai-un-super-début-les-gars !!JJ Abrams, c’est l’heure du…
Flash-back explicatif :
Mills tourne et tourne encore dans son lit douillet en marmonnant des choses incompréhensibles. Pas de doute, il rêve.
— moouuaiiss ‘culé… hummm a… iké sa rasssss… humm nooon… ‘is de pu… ‘aide chôttt’ ! moui… moui… moui moui… ‘ien là… ve’t fragger culé…
Emporté par une vague romantique, il ondule sous les draps tel Thulsa Doom dans « Conan le barbare » quand tout à coup, il ouvre un œil.
Après avoir fait quelques bruits ignobles avec sa bouche pâteuse, il se lève, se dirige vers la salle de bain en mode pilotage automatique et vide l’intégralité du coca contenu dans sa vessie in the toilettes.
Un bâillement digne d’un hippopotame de compet’ plus tard, il tire la chasse et retourne dans sa chambre.
Le liquide douteux est évacué par le flot d’eau… mais le réservoir ne se remplit pas.
Fin du flash-back.
Tout est désormais expliqué. Même le spectateur le plus difficile ne peut que baisser les bras. L’erreur scénaristique du début est réglée avec une pirouette gigiabrammesque. Fuck yeah !
Mais peu importe, retour au présent oblige, tout cela ne change rien au fait que l’odeur infâme commence à se répandre dans toute la pièce. En plus de ça, et malgré la tonne de papier dans la cuvette, la vue n’est pas des plus plaisantes.
Que faire ?
Mills se souvient du sympathique chat des voisins qu’il observait depuis la fenêtre de sa CreuseLan Landchambre en Creuse lors de son adolescence. Après avoir déposé le bilan, l’animal le recouvrait ni vu ni connu je t’embrouille et personne n’en savait jamais rien. Pas con le matou.
D’un geste décidé, il choppe le vaporisateur d’Air Wick et en expulse l’intégralité du contenu dans l’ensemble de la pièce.
L’odeur est également infâme mais politiquement correcte. Pour Mills, l’affaire est close.
— Ça attendra bien ce soir.
— aip, de toute façon il n’a pas d’invités de prévu. Personne ne va s’en rendre compte, ça roule. Ce n’est pas une petite coupure d’eau qui va lui gâcher sa pure journée !
Le temps presse, la bête est remise sur pied, son territoire est marqué, et bien marqué.
Il attrape son blouson, enfile ses baskets, choppe ses clés de voiture, sort de l’appartement et claque la porte derrière lui.
Un petit reproche amical s’échappe de l’appartement du voisin :
— Ho !!! T’es pas tout seul à vivre ici, MERDE !
Dans un réflexe défensif totalement humain, Mills réplique avec le très bien vu :
— Ferme ta gueule CONNARD !
Et hop, prend ça dans la couenne, tu ne l’as pas volé celui-là. La Retour à l'épisode en questionvengeance est un plat qui se mange en pleine gueule. Illuminé par cette victoire, il descend les marches de l’escalier en claquant outrageusement des pieds, traverse le long couloir l’emmenant vers la porte d’entrée en pétant démesurément et l’ouvre en riant exagérément.
Le soleil brille toujours de milles feux et met en valeur sa Beware, Peugeot insidebelle voiture garée juste devant. Une place en or pour une plaque minéralogique sans concession : 972 ENQ(ulé) 77.
Pourtant, quelque chose perturbe Mills… Un petit papier ressemblant fortement à un PV est posé sur son pare-brise, tout juste retenu par un balai essuie glace.
L’agacement en découlant lui fait dire :
— Putain, c’est quoi cette merde encore ?
Après s’être habillé, Mills se prépare un petit déjeuner avec les moyens du bord. Mais d’étranges contractions abdominales remettent la qualité du repas en cause…
003
M ills se tord de douleur, les mains sur son estomac. Cette position inconfortable lui permet de regarder les différents objets se trouvant sur la table. Un bol, un grille-pain, un paquet de café, une bouteille de lait… Une bouteille de lait blanche avec des choses écrites dessus… Une bouteille de lait blanche avec une date de péremption imprimée en noir. Une bouteille de lait blanche avec une date de péremption imprimée en noir et dépassée d’un an !
— Eeeeeettttt merrrrde……
C’est le genre de chose qui arrive quand on achète du lait alors qu’on n’en boit jamais.
Il faut réfléchir, et vite.
Choisir la meilleure solution au problème.
Direction…
Les chiottes !
Une course effrénée débute T'as déjà entendu le mot crémaillère man ?entre la cuisine et la salle de bain. Virage à droite, dérapage, virage à gauche, passage de la ligne d’arrivée, défroquage, retournement, posage de cul sur la lunette et…
Quelque part au milieu de la forêt de Fontainebleau, un oiseau chante. Il plane comme un petit diable entre les arbres, frôle le sol sableux, remonte en direction des nuages, pique à nouveau vers les arbres et file en direction d’une masse pierreuse connue dans le monde des humains sous le nom « Un chouette coinLa Tour Denecourt ».
L’oiseau, dans son ignorance toute animale, se pose sur cet édifice comme s’il atterrissait sur un rocher quelconque. Il remue la queue, cligne des yeux, claque du bec, et dépose une fiente dantesque avant de s’envoler vers d’autres horizons.
Au loin un cri déchire la quiétude de l’endroit :
— Putain de ta race d’enculé de ta mère !
Ce verset lyrique provient d’une voix familière : Mills.
Seul sur ses toilettes, il vide le trop plein McDonaldesque de son estomac avec un certain entrain. A croire que le lait périmé veuille se frayer un chemin naturel, mais rapide, à travers les intestins du pauvre homme.
…
Ellipse : Dans un souci de respect d’audience, une bonne partie des descriptions ont été volontairement coupées. N’hésitez pas à combler les trous comme bon vous semble.
…
Accroupi sur les toilettes, Mills semble soulagé et l’exprime à travers un sourire aussi beat que stupide.
Non, cette journée ne sera pas foutue à cause d’un petit mal de ventre de rien du tout. Désormais, il y a de la place à l’intérieur. Le grand nettoyage de printemps est terminé. L’unité centrale est rebootée. Un nouveau système d’exploitation pur est ajouté.
Mills reprend ses esprits et regarde sa montre.
— Quoi ? Déjà ? Mais combien de temps a durée cette ellipse ???
Il faut faire vite, reprendre le cours normal de la journée.
Aussitôt dit, aussitôt fait.
Il se redresse, se met debout et vide la moitié du rouleau de papier le plus proche avant de tirer la chasse.
Tirer la chasse…
Tirer la chasse d’eau…
— Putain, c’est quoi cette merde encore ?
Mills, l’homme derrière la MillsOsphère, s’est réveillé avec la pêche. Mais une fois dans sa douche, l’eau est aux abonnées absentes…
002
M ills tourne le robinet à fond dans un sens, à fond dans l’autre, mais le miracle n’a pas lieu.
Dégoûté, il place le pommeau au creux de la baignoire puis en descend pour se diriger vers le lavabo.
Il pose sa main sur l’inox et tourne le robinet d’eau froide. Rien.
Tourne le robinet d’eau chaude. Rien.
Soudainement envahi par une vague de poésie il déclare :
— Putain de merde.
Histoire d’être bien sûr de son coup, il tourne à nouveau le robinet d’eau froide et là !
Rien.
— Fait chier…
La déception se lit sur son visage. Même son reflet dans le miroir est triste. Pas aussi triste que lui mais triste quand même.
— Allez quoi, Mills ! Tu ne vas pas laisser un problème de flotte gâcher ta journée quand même ! T’es plus fort que ça mec !
Il reprend du poil de la bête et s’envoie un « high five » galvanisateur laissant une trace sur la vitre.
Remonté en un quart de seconde, il sort de la salle de bains, s’arrête sur le pas de la porte pour se gratter les couilles, et retourne dans sa chambre.
— Aujourd’hui, c’est la classe ultime.
Grace à un coup bien placé, il envoie coulisser la porte de son armoire à vêtements vers de meilleurs cieux. A l’intérieur se trouve un aperçu quasi parfait de l’état de notre société de consommation : Lacoste n’est pas au top mais revient, Eden Park est sur le côté, Nike assure, Adidas zone au fond, Levis rules the earth, Tachini, Liberto, Benetton, Dockers, Oakwood, Caterpillar, etc.
Un peu de ci, un poil de ça, une touche de ci, un nuage de ça plus tard, l’armure de l’homme moderne est enfilée. Effectivement, ça mérite une mise au point avec le miroir le plus proche.
— Je t’ai déjà dit que t’avais trop la classe toi ? Private Joke Inside4C POWAAAA !
Un échange constructif achevé par un « high five » légendaire.
Direction la cuisine d’un pas aérien.
Clic, la cafetière est en route et préchauffe.
Clac, le récipient est placé sous le robinet, prêt à se faire remplir.
Son toucher quasi elfique tourne le mitigeur.
…
Tourne le mitigeur.
…
Rien.
C’est dans ces cas là qu’on se sent con. Mills regarde autour de lui histoire de s’assurer que personne n’a filmé la scène. Ouf, Surprise sur prise Tabernacle !Marcel Béliveau semble être resté au Québec.
— Putain mais s’il n’y a plus d’eau… comment je vais me faire un café moi ?
Clic, il coupe la cafetière et se dirige vers le réfrigérateur.
A l’intérieur, une vision de Beyrouth un jour de fête. Une cannette de Coca. Non, ça ne semble pas lui convenir. Une cannette de Fanta. Hum hum… Après réflexion, ça sera non. Une cannette de Ice Tea. Sourire aux lèvres… mais retombée rapide. Non, ça ne le fait pas. Après une recherche digne d’une expédition scientifique au cœur de la Moria il aperçoit, tout au fond, derrière le salami plastifié, enfin, sous vide… une bouteille de lait.
Le Graal !
Ni une ni deux, une casserole est posée sur le feu et le lait monte en température.
— Hey hey hey, on ne me la fait pas à moi !
Et il a bien raison. Plus vif que l’éclair, Mills découpe un morceau de pain qu’il glisse dans le grille-pain, sort une cuillère, du beurre, un Minute Maid orange et pose le tout sur la table.
Il est temps semble-t-il… Son ventre gargouille d’impatience.
— Tout doux, tout doux, ça va venir.
Le lait est à point et transvasé directos dans le bol. A côté de lui, le sachet de café.
Mills est soudainement confus.
— Fait chier…
Il observe le sachet de café et obtient la confirmation suivante : du café moulu n’est pas du café soluble, ça ne fonctionnera pas.
Déclic ! Ses yeux brillent de milles feux. Une pensée s’engouffre dans son cerveau : « Que ferait MacGyver s’il était à ma place ? »
Facile. Il attrape un filtre à café, verse quelques doses et transverse le lait chaud dedans. Après tout, pourquoi ça ne fonctionnerait pas ?
Quelques instants plus tard, le petit dej’ est prêt à être consommé.
Il goûte… Mouais, c’est pas top mais ça va le faire.
Passé cette première présentation, il entame une discussion goulue avec l’ensemble des aliments présents sur la table.
Grouik grouik, c’est l’hécatombe.
Aucun survivant.
Faut quand même dire que le lait au café n’avait pas très bon goût. Après réflexion, il n’était pas bon du tout. Une seconde plus tard le nouveau verdict le classe dans la catégorie limite infect. Finalement, le jugement tombe :
— Mais c'est carrément dégueulasse ce truc !
Des gargouillis résonnent dans toute la pièce. Si l’on tendait un micro à son ventre, il pourrait terminer premier à la Star Ac’. Et de loin !
D’ailleurs, Mills se met à danser sur place et se tord de douleur en chantant :
— Putain, c’est quoi cette merde encore ?
Je m'en souviens comme si c'était hier. Cela s'est passé demain jour pour jour ; et c'est bien pourquoi je vous le raconte au présent. Laissez-moi vous exposer le plus fidèlement possible la vie de Mills, notre blogueur préféré, dans ce récit fleuve bourré de rebondissements et intitulé :
« Toute différence avec des personnes réelles serait purement fortuite. »
001
L e soleil se lève sur la magnifique forêt de Fontainebleau. Les oiseaux chantent en volant majestueusement dans le ciel bleu.
Non loin de là, à l'intérieur d'un modeste appartement, un réveil à cadran est posé sur une table de nuit.
Les aiguilles indiquent 5h59 et les secondes s'égrènent inexorablement :
...31, 32, 33, 34, 35, 36, 37, 38, 39, 40, 41, 42, 43, 44, 45, 46, 47, 48, 49, 50, 51, 52, 53, 54, 55, 56, 57, 58, 59…
BAAMMM !
Une main robuste vient se poser sur le haut de l'appareil avec détermination.
Au bout de cette main, un bras.
Au bout de ce bras, un corps.
Au bout de ce corps (non, pas ce bout là, l'autre), une tête.
A l'intérieur de cette tête : That's the guy !MILLS !
Mills est un homme. Il a le télencéphale hautement développé et le pouce préhenseur. En gros, c'est un type normal. Il est équipé de plusieurs choses en nombre pair : des jambes, des bras, des oreilles, des yeux, des etc. Et en plus, il parle :
— Putain, ça va être une putain de bonne journée !
Comme beaucoup d'hommes seuls, Mills se parle souvent à lui-même. Par bonheur, le contact passe plutôt bien entre eux. A vrai dire, il est son propre pote.
— Allez Mills, assure. Tu viens de battre le réveil au poteau et maintenant, faut continuer l'effort. L'autre enculé de sa mère va comprendre ce qu'est un Mills en forme !
Il s'éjecte du lit et se poste devant son miroir en se grattant les couilles avec un mélange de sincérité et de poésie.
— sais que je t'aime toi ? Ouais mon pote, Cherchez pas...4C POWAAAA !
Telle une ballerine sous cocaïne, l'homme moderne traverse son couloir pour se rendre dans sa cuisine. Sur son visage, un sourire des plus radieux.
— Comment que je leur ai fraggé leurs races hier soir ! Et PAN, « aide chôte », et re-PAN « aide chiotte », et PAN PAN PAN « cool and heure terroristes ouine » !
Faut dire que Mills n'est pas vraiment bilingue… Enfin, il comprend quelques mots d'anglais mais bute encore sur la prononciation.
— Même au poui-poui et avec un Double Big Mac frites dans les mains j'étais trop invincible.
Et le voilà qui ouvre la fenêtre de sa cuisine, s'arrosant d'un soleil salvateur pour prendre une énorme inspiration de fumeur et crier :
— Je suis le meilleur !!! Mills vous fragge toooooouuuuus !!!
Action, réaction.
Une voix surgit de nulle part et lance sur un ton amical :
— Ferme ta gueule, CONNARD !
Vexé, Mills referme sa fenêtre et parle dans sa barbe.
— Loser… T'y connais rien blaireau. Putain de voisin, espèce de casseur d'ambiance névrotique. Un jour, je te fraggerai ta race. Niark niark. Mais en attendant…
Un petit grattage de couille plus tard, il reprend sa phrase.
— …une bonne petite douche ! Aujourd'hui, rien ne peut m'arrêter. Je vais arriver grave en avance et claquer le beignet de l'autre tordu !
Direction la salle de bains. D'un mouvement fluide, il saute dans sa baignoire, attrape le pommeau de douche et tourne le robinet.
Tourne le robinet.
Tourne le robinet dans l'autre sens.
Secoue le pommeau.
Tourne le robinet.
— Putain, c'est quoi cette merde ?
Note : Cet article fleuve sera mis à jour après chaque nouvel épisode.
et ce n'est qu'un début...
Mais à votre avis, qu’est-ce que le pauvre Mills pourrait bien subir encore ?
N’hésitez pas à faire des propositions et peut-être participer à cette journée catastrophique…
Mills' Story © 2008 | Textes : O'Brian | Code, Son et Design : Cooljack | Illustrations : Cooljack, CAT4